NOVILLADA DE VIEUX-BOUCAU

Avantage aux novillos

Arènes du Vieux Boucau, dimanche 1er septembre 
novillada des fêtes 4 becerros de Camino de Santiago pour
Jose Cabrera (silence)
Juan de Castilla (deux oreilles)
Louis Husson (silence)
Jean Baptiste Molas (salut forcé)

Dans une arène de 3000 places, le nombre de spectateurs est difficile à évaluer et la petite entrée du jour aurait fait le bonheur d’autres placitas. Jean Louis Darré a sélectionné pour cette novillada un lot de novillos d’origine Domecq, petits, peu armés et très nobles et qui sont allés à mas au plan comportement même si leur physique les a parfois trahi.
Ce bétail est idéal pour des permettre à de jeunes toreros d’apprendre les fondamentaux de la tauromachie, à condition qu’ils aient envie ou les moyens de le faire.
Les organisateurs avaient bien fait les choses en engageant des toreros qui ont fait leurs preuves lors des courses de l’été 2013. Mais les 4 novilleros ont gâché l’opportunité de triompher devant un public pas forcément connaisseurs mais bon enfant et prêt à beaucoup pardonner.

José Cabrera accueille son premier adversaire à puerta gayola. Le Darré sera le mieux armé de l’après-midi. Le toro vient bien à droite et à gauche avec un petit coup de tête en fin de passe. Le jeune espagnol est un bon banderillero même s’il rate la dernière paire al violin. Le toro arrive un peu distrait au troisième tercio, mais il répond avec franchise aux sollicitations de la muleta. Peu inspiré et peu armé techniquement, Cabrera va multiplier les passes sur le pico .Il ne donne pas la sortie au toro et se l’envoie systématiquement dessus. Le novillo va à mas, mais jamais la faena ne va accrocher le public. Le toro est sous exploité. Cette prestation est inquiétante pour ce jeune novillero que son entourage veut faire monter d’un échelon et qui laisse passer un triomphe face à un novillo qui ne demandait qu’à donner ses oreilles. Deux pinchazos et une bonne épée concluent la faena. Le matador regagne le callejon en entendant quelques applaudissements.

Le colombien Juan de Castilla est arrivé dans la patrie d’André Viard précédé d’une flatteuse réputation. Il possède un bon bagage technique, un vrai sens artistique mais il est aussi roublard qu’un novillero de 30 ans. Le Camino de Santiago est cornicorto, il répond avec noblesse et permet au torero de nous offrir une bonne série de capotes au premier tercio. De Castilla est un médiocre banderillero et ne devrait pas tarder à abandonner la pose des palos. La faena débute avec des doblones élégants et autoritaires .Par la suite, le torero aura du mal à trouver la bonne distance et s’obstine à trop étouffer la charge de son adversaire. Il finit par citer de loin et en se croisant, il donne de bonnes séries de naturelles, templées conduisant la charge avec fermeté et justesse. Le retour à droite est du même tonneau et accroche aussi bien les aficionados que le public venu de la plage. C’est ce moment que choisi le sud américain pour rompre le charme .Il applique un modèle de faena standard qui préconise de finir par des passes de pacotilles, fuera de cacho qui « gâchent »  la charge du novillo qui ira à menos par la faute de son adversaire. La mise à mort est défectueuse, trop en avant, mais très rapide d’effet. Deux oreilles sont accordées .Elles sont trop généreuses au vue de la fin de la faena. Ainsi, par gentillesse, les présidences encouragent les toreros à préférer toréer le public plutôt qu’à lidier le toro. Quand le jeune garçon est inexpérimenté ou techniquement limité, cela peut se comprendre, mais quand le torero est capable de bien faire, un peu de rigueur ne peut que l’aider à progresser.

Louis Husson va toucher le novillo le moins clair. Le garçon est atorado, il est temps qu’il reparte sur les bancs de l’école pour s’y ressourcer (et occasionnellement assurer son avenir professionnel). Le Darré est petit, gacho et demande à être très sollicité pour passer. Le dacquois le double bien et donne un bonne série à droite puis à gauche. Visiblement fatigué, petit à petit, il va laisser le novillo se rendre maître du ruedo. Le landais a du mal à gérer des toros soit trop brusques, soit trop tardos .Il commet l’erreur de vouloir toréer verticalement, sur le voyage. Ce type de faena convient à un toro noble, limite soso. Face à ce manso, tardo, elle va vite devenir brouillonne et sans relief .La mise à mort est laborieuse avec deux pinchazos et une entière hémorragique qui refroidit le public « de passage ».

Le dernier est d’un format adapté au non piqué et surtout gacho. Jean Baptiste Molas va se faire déborder par la caste du novillo qui va à mas. Le torero va se faire accrocher la cape, puis la muleta à plusieurs reprises. Il perd confiance et se fait promener d’un point à l’autre du ruedo à mesure que le becerro prend confiance et va à mas. Soit Molas n’a pas envie de toréer et est en piste comme ces petites Miss de concours de beauté pour faire plaisir à papa, ou bien il ne supporte pas la pression que lui met ce même père depuis le callejon. Cette fin de saison, il va falloir que le garçon se remette en question .Etre devant un toro n’est pas un jeu et les coups donnés par l’animal ou les sifflets du public peuvent démolir une personnalité qui n’est pas faite pour le toreo. Le public connaisseur commence à râler, le grand du public se rend bien compte que la motivation n’y est pas. Molas tue bien en utilisant la technique frauduleuse du julipié, mais la mise à mort est un peu longue. Un descabello fait tomber le novillo .Le matador salue au tiers dans l’indifférence générale.

Remise des prix en fin de course, Husson reçoit celui du meilleur quite de cape ; Castilla ceux de triomphateur de l’après midi.
Je quitte l’arène déçu par les novilleros qui sont passés à côté d’opportunité de triompher et d’offrir une vision plus « enthousiasmante » de la tauromachie aux vacanciers qui constituaient la majeure partie du public. Déçu pour les organisateurs qui se donnent corps et âme pour monter cette novillada , je le suis également pour l’éleveur , mais sûrement moins que lui, qui voient ses pupilles ne pas être mis en valeur et exploités comme ils le permettent , quand ils sont un peu gros et durs par appréhension, et quand ils sont adaptés à la non piquée , comme pour cette course , par manque de motivation ou de compétence des novilleros.

Thierry