NOVILLADA DE SAINT-PERDON


Photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

La novillada de Saint Perdon ,une trentenaire qui se porte au mieux.

Arènes de Mont de Marsan, dimanche 1er septembre 2013 :
Novillada concours des fêtes de Saint Perdon
6 novillos de Miura et Guardiola Fantoni pour Manuel Dias Gomes (salut, silence)
Palha et Murteira Grave pour Rafael Cerro (silence, silence)
Pilar Poblacion et Pedraza de Yeltes pour Jose Garrido (une oreille, deux oreilles)
Vuelta pour le toro de Pedraza de Yeltes qui sera déclaré vainqueur du concours
Le prix à la meilleure lidia est desertio.
2/3 du premier anneau
Président Didier Godin
Cavalerie Heyral

Pour le trentième anniversaire de leur novillada, les membres de la Pena La Muleta de Saint Perdon ont décidé d’organiser, une novillada concours . Le succès est venu récompenser la prise de risque et le travail de cette bande de passionnés. Succès populaire malgré un horaire décalé pour cause de PRO D2 et artistique grâce à la qualité du bétail sélectionné par les éleveurs et au talent et à l’application de Juan Garrido, jeune novillero à suivre. Peu de choses positives à dire des deux autres toreros Manuel Dias Gomes et Rafael Cerro qui se sont fait une spécialité de toucher des novillos de qualité et de les gâcher lamentablement.

C’est à la prestigieuse ganaderia de Miura que revient l’honneur d’ouvrir la compétition. Le novillo est bien présenté et playero. Il vient bien dans la cape des deux côtés . Légèrement boiteux, il a quelques signes de faiblesse. Difficile à fixer, il vient bien au cheval pour une bonne première pique prise en poussant sur la corne droite. A la sortie, il marque le coup et placé plus loin vient en marchant pour une seconde pique poussée puis une troisième plus légère. Le novillo est brave, mais n’a pas la force nécessaire pour extérioriser pleinement cette qualité.
La cuadrilla de Manuel Dias Gomes est toujours aussi brillante et doit saluer après un excellent tercio de banderilles. A la muleta, le toro vient bien à gauche et désarme le torero. Ce dernier s’obstine à toréer de trop près, étouffant la charge d’un animal qui a besoin de pouvoir se reprendre entre les passes. Les mots se croiser n’ayant pas été traduits en portugais, Dias Gomes abuse du pico, est systématiquement fuera de cacho . Ce qui lui permet de « travailler la gestuelle » mais lui vaut de se faire dominer pas son adversaire ; Le Miura s’avise, va à menos à gauche, continue à charger à droite.
Un pinchazo et une affreuse, mais rapide, demie en avant n’empêche pas le novillero de saluer au tiers  sans y être invité par la majorité du public. L’arrastre est applaudie.
En synthèse, un novillo intéressant par sa bravoure, sa noblesse mais il a trop manqué de force pour être un prétendant au titre.

En second lieu sort une superbe exemplaire de Palha, très applaudi à son entrée en piste. Tout y est: la robe, le trapio et les cornes, la suite va nous montrer que la caste est aussi présente. A la cape, il vient bien à droite et accroche le tissu avec la corne gauche. Il va se comporter en toro brave face au cheval. Il sera hélas très mal piqué, pique systématiquement trasera ce qui est criminel face à un toro qui pousse longuement sous le fer. Le Palha charge de loin et pousse lors la rencontre . Erreur du novillero qui place le toro plus près à la seconde chargée avec force . Placé au milieu de l’arène , pour la troisième , il vient à nouveau avec force et pousse à nouveau faisant reculer le groupe équestre. En plus d’être brave, il est noble et vient de loin sur les premiers cites à droite de Rafael Cerro. Passage à gauche, le toro part moins bien .
Le torero, qui n’a rien compris à ce qu’est une corrida concours et encore moins à la lidia, revient à droite au lieu d’insister à gauche pour mettre en valeur son opposant. Retour à droite motivé par la seule envie de profiter de la corne la plus simple pour faire son numéro et tirer la couverture à lui. Il s’ensuivra une ribambelle de derechazos donnés du bout de la muleta, en s’exposant le moins possible et donc sans poder.
Le toro, non lidié, va à menos se tourne vers les planches. La mise à mort ne relèvera pas le niveau de la faena.
Silence pour le torero et grande ovation pour ce grand novillo de Palha ; Une voix s’élève des gradins criant avec raison « ce toro part sans avoir été toréé » .On aurait pu tout aussi bien dire, « un toro de bandera a eu la malchance de tomber sur un novillero en pleine débandade ».

En troisième lieu sort un Pilar Poblacion, léger et commode de tête. Il manque de franchise dans ses premiers engagements à la cape. Bien piqué, il se comportera en manso sous le fer, sortant seul de la seconde et dernière rencontre. Après s’être mis hors concours, il arrive à la muleta tardo, avec une charge brusque. Contrairement à son prédécesseur, il va rencontrer un jeune novillero, Jose Garrido, motivé qui va nous montrer dans cette faena toute l’étendue de son bagage technique. Il impose sa volonté à un toro de peu de charge et de peu de caste en se croisant, en choisissant les bons terrains, bonne distance et le bon rythme . Le summum de cette courte mais excellente faena est la dernière série de passes , la première arrachée au toro , puis les autres enchaînées avec sincérité , autorité et avec art dans un style qui rappelle Rincon ou plus près de nous Fandiño.
Une bonne entière sera suffisante et le public obtient une oreille méritée pour un torero qui possède, à ce stade de sa carrière, de vraies qualités de lidiador.

En quatrième position sort un novillo de Guardiola Fantoni costaud et bien armé. Il accroche la cape dès les passes de réception. Lors de la première rencontre, il soulève le cheval et désarçonne le piquero. Difficile de le juger à la deuxième rencontre car la pique est immédiatement relevée. Le toro est distrait et tardo aux banderilles. L’excellente cuadrilla de Dias Gomes doit à nouveau saluer. Le toro est faiblard et vient au ralenti dans la muleta. Il est limite soso/noble. Le torero portugais « s’obstinera » à ne pas toréer, enchainant séries sur le pico et d’autres fuera de cacho. Les défauts du novillo prennent très vite le dessus sur les qualités et la faena va à menos.
Conclusion à la Dias Gomes, trois demies estocades mal placée précèdent un descabello. Le Guardiola sans être un foudre de guerre permettait plus ou mieux.

Au cinquième, on inverse les origines. C’est le novillo qui est portugais et le torero qui est espagnol, mais c’est le même scénario qui nous est proposé. Le Murteira Grave est un toro bien fait avec hélas des cornes abimées, le bicho ayant passé sa matinée a taper dans les chiqueros. Il freine et s’engage avec brusquerie dans la cape de Rafael Cerro .Placé près du cheval, il est cité hors zone et pousse sous la pique. Même comportement au second et placé plus loin à la troisième dont il sort seul. Le toro est sérieux mais aussi faible, il n’humiliera jamais dans la muleta. Il y a probablement avec un peu de métier et de volonté quelque chose à faire.
Hélas, Cerro n’est ni motivé, ni talentueux. Il assomme le toro et le public avec un fatras de passes sans lien, sans engagement et sans intérêt. On est très loin du torero puntero du début de saison. Dans un tel contexte difficile d’évaluer le comportement du toro. Un pinchazo, une demie en avant et un désastreux puntillero et le torero s’en retourne dans le callejon d’où il pourra voir ce que c’est que toréer et lidier en regardant le combat entre le dernier novillo et Juan Garrido.

Le Pedraza de Yeltes a du trapio, mais il est hélas armé gacho et fermé. C’est son ganadero qui a insisté pour que les organisateurs de Saint Perdon l’intègre dans la novillada concours. Il pousse avec bravoure et provoque une chute du groupe équestre, deuxième avec un départ rapproché comme lors de la troisième (avec une nouvelle chute). Il rechargera à nouveau avec vigueur lors d’une quatrième pique. Bon tercio de pique pour le toro, mauvais pour le piquero (position de la pique trasera et cariocas à répétition) et pour le cheval de Philippe Heyral qui a pris l’habitude de s’asseoir (comme à Roquefort) dès qu’il est en difficulté. Le picador est sifflé à nouveau pour avoir piqué après la sonnerie alors que le Pedraza le charge à nouveau. Il faut pour être honnête associer aux lazzis la monture avec laquelle , il est impossible de laisser un toro se coller au peto , pique relevée, et sans mettre en péril le cavalier .
Après trois novillos qui se sont sortis du concours dès le premier tiers, la compétition est relancée. Bien banderillé, le novillo va faire preuve de bravoure et de noblesse au troisième tiers. Accrocheur et encasté, il demande une lidia technique et une muleta autoritaire. Garrido l’a compris et il va exploiter les qualités de son opposant tout en gardant le « leadership ». A cette technique, il va ajouter un vrai sens artistique pour nous offrir ce qui sera probablement la meilleure faena qu’un novillero ait donné en France cette temporada.
Le toro, très sollicité depuis son entrée en piste, baisse un peu de ton en fin de faena et entraîne le torero dans les tablas. Une belle estocade efficace et les deux protagonistes sont récompensés (deux oreilles pour Garrido, mouchoir bleu pour le Pedraza de Yeltes).
Je me prends à rêver à ce qu’aurait donné le Palha face à ce novillero …………

C’est le Pedraza de Yeltes qui est déclaré vainqueur, pour moi le Palha aurait pu prétendre au titre mais il a été victime de l’inconsistance de Rafael « Cero « (je sais c’est facile …….)
Le prix à la meilleure lidia, fort justement, n’est pas attribué, Garrido peut passer un savon à son piquero.

Grand débat à la sortie de la course sur la cavalerie de Philippe Heyral, si on le limite à un débat sur le poids des chevaux, c’est un faux problème. Les chevaux d’Heyral plus lourds ont été plus poussés et chahutés que certains des Bonijols pourtant, en général, plus légers.
Ce matin au Moun, c’est la caste des toros qui a parlé .. Heyral fournissant ce jour, les chevaux à Carcassonne, Bayonne et Saint Perdon, il est difficile d’avoir à chaque fois des chevaux de qualité. Le nîmois fait un effort, avec lenteur, pour alléger ses montures, alors qu’au même moment, Bonijol augment le poids de sa cuadra.

J’espère que bientôt, on pourra comparer les deux cuadras sur leur concept de bases, à savoir sur-dresser (Bonijol) les chevaux au risque de fausser le comportement des bovidés à cause de celui des équidés ou pas (Heyral) et limiter le côté spectaculaire du 1er tercio.

Qui vivra verra. Encore merci à la « Peña Camping Car » pour cette excellent novillada, fruit de leur travail, leur passion et ce qui est de plus en plus évident de leur expertise en matière d’organisation A l’an que ven…………….. !

Thierry