SAMADET
Et
un indulto,un !
Arènes
de Samadet ,23 mars 2013
6 novillos de Fuente Ymbro pour Juan Leal unique épée
8 / 10émes d’arènes, il faisait un froid de canard, mais c’est normal
dans les Landes
Je
n’ai jamais été fan des un contre six. En cas de blessure, il faut
se coltiner des sobresalientes qui ne sont jamais du niveau du héros
du jour .Il y manque aussi le piment qu’apporte la competencia entre
les toreros et l’entrega apportée par la diversité de styles
Je me suis quand même rendu à Samadet pour effacer le mauvais souvenir
de la novillada de 2012 et puis on ne sait jamais !!!!!!
Toros
et novillos de la Casa Gallardo sont coulés dans le même moule, ce
sont des toros « modernes », bien roulés mais pas trop, armés faciles
(5 des 6 de Samadet sont gachos et/ou broccos), justes braves pour
faire illusion à la pique et d’une noblesse frisant la naïveté. Ils
répètent à la muleta sans aspérité, ils passent tout seul sans qu’il
soit besoin au torero d’imposer son autorité. Pour peu qu’ils soient
économisés, ils permettent des faenas à rallonge qu’affectionnent
les purs produits des écoles taurines.
Ricardo Gallardo a en plus inventé un nouveau concept, l’indulto systématique
d’un toro par course. Je le soupçonne de réfléchir à l’étape suivante
la course à deux indultos.
L’an
passé c’étaient les supporters de Thomas Cerqueira qui avaient « pourri »
l’ambiance, cette année, ce sont les arlésiens venus en masse et en
groupe qui ont faussé la course en particulier au cinquième toro.
C’est
à la cape que le jeune arlésien m’a surpris .Il a varié les quites
et a su faire preuve parfois d’originalité et d’élégance.
A
la muleta, il s’obstine à vouloir imposer à tous les toros le même
type de toreo « immobiliste » mélange de Paco Ojeda et de José Tomas,
citant de près en étouffant la charge des toros qui partent de loin
et décourageant les toros qui manquent de moral. Comme souvent dans
ce type de tauromachie, le torero est fuera de cacho, ne se croise
pas, se fait accrocher souvent en recherchant plus l’impact sur le
public que sur le toro.
Le
premier novillo (n°146, né en novembre 2009) petit format pour son
âge est bizco. Il accroche la cape du novillero. Comme d’habitude
à Samadet, le picador, se moquant du règlement et des aficionados,
se place dans le terrain du toril. Il sera imité par tous ses collègues
faussant ainsi les 6 tercios de piques. En effet dans ce terrain,
le toro charge plus par volonté de revenir sur sa querencia naturelle
que par bravoure. C’est aussi un moyen pour les piqueros de châtier
en une seule fois le toro et de ne pas indisposer les publics peu
connaisseurs.
Le premier Fuente Ymbro pousse bien sous une première pique complétée
pour la forme par un picotazo. Après un bon tercio de banderilles,
la faena débute par des statuaires .Le toro est noble, mais il a un
fond de caste qui nécessite de l’autorité de la part du torero. Leal
a du mal à canaliser sa charge, impose une tauromachie de près alors
que le toro vient mieux de loin .Le toro finit par accrocher la muleta
à droite. Il aura plus de mal à le faire à gauche car sur ce côté,
Leal est systématiquement fuera de cacho.
En
fin de temporada 2012, le camarguais avait du mal à tuer .Il s’est
orienté vers des "astuces" mise au point par El Juli.
Chacune de ces estocades sera sur le même modèle, dans le rincon,
mais suffisamment rapide pour masquer l’hémorragie pulmonaire et ne
pas indisposer le public. Une oreille d’encouragement demandée par
les fans après une faena au cours de laquelle, le toro a dominé le
torero.
L’arrastre est applaudie.
Le
second novillo, (n° 185, né en mars 2010), à l’armure commode, est
juste en âge, il le sera aussi de forces. D’entrée le toro montre
des signes de faiblesse ; Reçu avec élégance à la cape, il sera économisé
à la pique (un picotazo), il sera bien banderillé (salut des peones).
Leal fait l’erreur de trop solliciter le Fuente Ymbro. Cite de loin,
toreo par le bas, le novillo finit par tomber sur une série à droite.
La première série de naturelles est croisée et templée, hélas dès
le second retour du pico. Leal comme à son habitude, en vient très
vite à un toreo superficiel, profilé sans mando. Il finira une fois
de plus par se faire accrocher. Mais qu’importe la faena continuera
dans le même style, le public aime donc on continue, beaucoup trop
longtemps. Le toro finit par se décomposer. Une mise à mort longuette
refroidit l’ambiance et le succès se limite à une vuelta.
Le
troisième novillo (n°196, né en février 2010) est le plus costaud
du lot, il est hélas brocco. Il obtient une chute du groupe équestre
lors de l’unique rencontre. Il donne très vite des signes de faiblesse
.En début de faena, il charge avec noblesse à droite mais accroche
à gauche. La faena est décousue, le torero ne trouvant jamais la bonne
distance. Le toro va très vite à menos, Leal termine par une série
de naturelles de profil .Après un pinchazo, une bonne estocade (la
meilleure de l’après-midi) fera tomber le moins intéressant des bichos
du lot. La présidence accorde une oreille.
Sort
en 4ème position un joli jabonero (n° 209, né en février 2010), le
mieux armé de l’après-midi. Il prend une seule pique en poussant.
Tercio de banderilles catastrophique au cours duquel le bicho reçoit
une avalanche de coups de cape. Il met bien la tête lors des premières
passes de muleta. Toréé en étouffant sa charge et sans être dominé,
il va très vite se décomposer accrochant la muleta et le torero subissant
les effets d’une mauvaise lidia aux banderilles et au troisième tiers.
Une oreille est accordée sans conviction par le président. Le bilan
du solo de l’arlésien est pour l’instant mitigé. Tout va être mis
en œuvre par l’entourage du torero pour le relancer.
Sort
le cinquième Fuente Ymbro (n°224, né en février 2010), bien présenté
bien que gacho. Le toro est très mal et très peu piqué par Gabin Rehabi.
Changement rapide pour l’économiser, le novillo sera banderillé par
Juan Leal qui veut recréer le lien avec le public. Début de faena
à genoux, le toro est très noble, il répète en buvant le leurre. C’est
le prototype du toro moderne, fait pour des faenas longues. Plus collaborateur
qu’adversaire, il n’a pas besoin d’être lidié et permet donc au matador
de lui servir sa faena type en accumulant les effets qui portent sur
le public et triompher avec facilité. Et c’est ce qui ce passe dans
les arènes couvertes de Samadet. Le public qui a envie de s’enthousiasmer
marche dans la combine, la corrida est alors transformée en spectacle,
Le toro passe, le torero s’amuse et le public (sauf certains aficionados
irréductibles) jubile. Les oreilles vont tomber
Mais l’entourage de Leal a très vite senti ,l’opportunité de faire
le buzz comme disent les rois de la communication (je n’ose penser
, que compte tenu des origines du novillo, petit fils du novillo indulté
à Garlin, tout ait été manigancé pour créer cette situation ) .Avec
l’aide des copains du mundillo qui ont envahi le callejon et des fans
venus en bus du pays de Mistral ,une pétition d’indulto démarre. Tout
content de participer à un évènement et pour certains de se donner
bonne conscience, le gentil public de Samadet, dont la plupart ne
voit qu’une ou deux courses par an, se laisse faire et réclame à son
tour l’indulto. Le président l’accorde en toute illégalité (toro non
piqué) et contre toute logique taurine (le novillo n’est qu’une machine
à suivre la muleta et manque de bravoure et surtout de caste). Qu’importe
« l’éthique » et le respect des valeurs fondamentales de la corrida,
le peuple est content et l’entourage du torero aussi qui pourra en
profiter pour signer quelques contrats supplémentaires. Seul, bien
qu’il ait participé à la claque, le ganadero doit être soucieux. Que
faire d’un toro gacho qui risque de transmettre ce défaut à sa descendance
et non testé à la pique. Et que dire de ce que va coûter le rapatriement
de l’indulté à la ganaderia, alors qu’il est probable qu’il ne sera
pas conservé comme reproducteur. Deux oreilles et la queue symboliques
sont accordées.
Après
plusieurs tentatives, Jalado regagne le toril et le 6ème novillo (n°2,
né en mars 2010) peut sortir en piste. C’est le plus sérieux du lot
.Encore sous le coup de « l’émotion », Leal s’emmêle les crayons à
la cape. Le toro prend avec une certaine bravoure deux piques (surtout
la première). Ce toro est noble, mais il a aussi cette agressivité
(ou caste) qui a manqué à l’ensemble du lot. Fuera de cacho, Leal
accumule des passes sans conviction et reste en dessous du potentiel
du Fuente Ymbro (pour moi le plus complet du jour).Une épée dans le
rincon, un descabello et tombe la dernière oreille de l’après-midi.
Sortie
triomphaliste du torero et du mayoral, les fans et les spectateurs
sourient. Certains aficionados sont plus circonspects et doutent des
capacités de Leal à convaincre des publics plus exigeants et moins
acquis à sa cause. Ses prochaines prestations à Madrid et Séville
apporteront une réponse à cette interrogation.
En
résumé : Un lot, comme celui du Moun en 2012, typique du toro moderne
qui permet une tauromachie spectacle brillante mais sans vraie émotion,
Un jeune torero prometteur à ses débuts avec un talent certain mais
qui le gâche en cherchant la facilité dans un toreo portant plus sur
le public que sur le toro. Des spectateurs heureux d’avoir assisté
à une après-midi récréative et d’avoir exercer leur droit de grâce.
Si c’est cela l’avenir de la corrida, pobre de mi.
Quant aux musiciens, ils sont toujours aussi brillants et talentueux,
mais ne savent pas rester à leur place. Ils oublient leur devoir de
réserve et font la claque pour influencer la présidence, toute une
éducation à refaire.
Prochains
rendez vous le week end de Pâques à Aignan (toros de Hubert Yonnet)
et Mugron (novillos de Luis Alagarra).