Les
petits matins de Roquefort
Arènes
de Roquefort, jeudi 15 août 2013, novillada non piquée des fêtes
2 erales de L’Astarac et 2 erales de Camino de Santiago pour
Daniel Soto (salut au tiers, une oreille)
Louis Husson (salut au tiers, silence)
Un quart d’entrée
Jean-Louis
Darré a amené dans la Monumental en Pins deux becerros de chacun des
fers qu’il possède . Hétérogènes de présentation, ils l’ont aussi été
dans leur comportement. On a vu défiler en piste deux mansos, un novillo
très encasté et un noblissime. Cette diversité nous a permis de passer
une matinée intéressante et aux jeunes toreros de continuer leur apprentissage,
même s’ils n’ont pas toujours été à la fête.
Le
premier est un produit du fer de L’Astarac. Bien dans le type, il est
encasté. Il charge avec franchise aussi bien à droite qu’à gauche, mais
ne permet aucune erreur de la part du torero. Daniel Soto commence sa
faena par une bonne série à droite. Par la suite, il alignera des passes
sans se croiser et se fera accrocher sur une erreur de placement. Le
toro va à mas, bouche fermée, répond avec noblesse à tous les cites.
Il attend le combat, hélas le torero aligne des passes de manière de
plus en plus désordonnée et brouillonne. Le becerro finit par prendre
le dessus sur Soto, qui pour une fois, tue vite d’une entière très tombée.
Le novillero s’octroie un salut au tiers . L’arrastre est très applaudie.
Dommage que ce novillo n’ait pas rencontré, un torero plus motivé ou
plus expérimenté.

Louis
Husson
Si
le premier Astarac a fait honneur à sa devise, le deuxième sera à oublier.
Il se comportera en manso cherchant le refuge des planches. Louis Husson
va s’en voir pour le garder au centre d’autant qu’il n’écoute pas les
conseils de son mentor Richard Millian. Il s’obstine dans un toreo vertical,
relâché alors que le manso a besoin d’être contraint par une muleta
autoritaire. Conséquence, la fin de faena est décousue, le toro faisant
ce qu’il veut en piste, il deviendra de plus en plus difficile pour
le dacquois de le faire passer. Le toro sera difficile à placer au moment
de l’estocade qui résultera atravesada. Louis saluera au tiers avant
de retourner dans le callejon pour y être recadré par son « professeur ».
A
peine remis de ces émotions, il devra revenir en piste. Une erreur au
toril fait sortir en troisième position, le Camino de Santiago prévu
pour clore la matinée. Grande carcasse pour un Domecq, il se comportera
en manso décasté. Louis Husson aura du mal à exploiter le peu de charge
de l’eral. Il s’arrimera avec courage mais ne trouvera pas la solution
au problème posé. La mise à mort sera laborieuse (une mete y saca, un
pinchazo, une entière de côté et 6 descabellos). Dure matinée pour l’élève
d’Adour Aficion, il est vrai très mal servi par le sorteo.

Daniel
Soto

Brindis
à Pierre Noguès, président du Cercle Taurin Roquefortois
et organisateur de la non-piquée
Daniel
Soto a par contre lui été plus chanceux. Après l’excellent Astarac sorti
en premier, il va toucher un Camino de Santiago noblissime. Le bicho
va prendre au moins une cinquantaine de passes, répondant à tous les
cites, baissant la tête. C’est un toro de triomphe .Hélas il va surtout
révéler les limites de Daniel Soto. Celui-ci va aligner des passes sans
se croiser et surtout sans lien, ni art.
Le novillero est comme ces élèves qui ânonnent les plus beaux poèmes
de la littérature française sans un minimum d’émotion. La faena est
longue et finit par être ennuyeuse. Un pinchazo, et une estocade entière
en avant ont raison de l’excellent eral. Le palco accorde une oreille
(soit) mais oublie d’accorder la vuelta à un toro que je regrette sincèrement
de ne pas avoir vu avec un ou deux ans de plus entre les mains d’un
torero plus expérimenté.
Soto
reçoit le prix récompensant le meilleur novillero. Les deux toreros
sortent sous les applaudissements d’un public comprenant de nombreux
enfants, merci et bravo aux parents vous contribuez à construire ainsi
l’Aficion de demain (n’en déplaise aux stupides Zantis).
Thierry
Des
carrosseries sans moteurs
Arènes
de Roquefort des Landes, jeudi 15 août 2013 : novillada piquée des fêtes
6 novillos de Valdefresno pour
Rafael Cerro (salut au tiers, silence, silence)
Brandon Campos (silence, silence)
Gonzalo Caballero (une oreille avec blessure)
C’est
Rafael Cerro qui a remplacé Gonzalo Caballero face au 6ème
Moins de 2/3 d’arènes.
Si
la présence de jeunes aficionados à la novillada non piquée a contribué
à créer de nouvelles vocations d’aficionados, il est à souhaiter qu’ils
soient restés à la maison tant la novillada de l’après-midi est de celles
qui contribuent à vider les gradins. Les organisateurs, après l’échec
des Fidel San Roman en 2012, se sont orientés vers un élevage commercial
en faisant appel aux Valdefresno de la famille Fraile. Ce fut un nouvel
échec côté bétail. Bien présentés avec des armures hétérogènes, ils
ont tous fait illusion face à la cavalerie Heyral puis se sont comportés
en mansos sans caste. Face à un tel bétail seuls deux types de toreros
peuvent réussir, ceux qui font le spectacle à la manière de Padilla
ou les grands toreros qui sont capables d’extraire le peu de caste que
peut avoir un toro comme l’a fait Fandiño à Vic face au sobrero
d’Escobar.
Gonzalo
Caballero a choisi la première option et coupera la seule oreille du
jour, ses deux compagnons de cartel ont fait ce qu’ils ont pu. A noter
que les picadors de Rafael Cerro et Brandon Campos ont monté les piques
à l’envers sans réaction du public ou des organisateurs.
Le
premier novillo, playero, est distrait dès son entrée en piste et est
attiré par les tablas. Il va deux fois au cheval, la première pour ne
pas être piqué (raté de Jacques Monnier) et la seconde pour un picatazo,
le toro poussant un peu contre le peto une fois la puya relevée. Le
toro n’a plus de charge dès la fin du tercio de varas. Peu inspiré,
Rafael Cerro l’aborde sans conviction restant sur le pico et fuera de
cacho. Le toro se reprend un peu, le novillero en profite pour donner
une bonne série, la seule de la faena, à gauche. Retour à droite et
retour au toreo de profil. Le toro va à menos de plus en plus attiré
par les tablas. Il devient gazapon, car pas dominé. Si on combine toro
gazapon, attirance vers les tablas et torero pas très motivé, on obtient
une mise en suerte longuette pour l’estocade et un julipié « périphérique ».
Malgré une forte division d’opinions, le novillero sort pour saluer.
Le
second est un joli toro, très bien armé. Dès sa sortie, sa charge est
courte. Il prendra trois piques (légère, mauvaise, bonne) en poussant
un peu. Il arrive tardo aux banderilles. En début de faena, Brandon
Campos, commet l’erreur de le citer de trop près et se l’envoie dessus
en sortie de passe. Le mexicain rectifie le tir, se croise un peu plus
et tire du Valdefresno une très bonne série sur chaque côté. La faena
est courte, le novillo n’a pas de charge, mais sincère et aurait pu
être récompensée avec une mise à mort à la hauteur. Hélas trois pinchazos
et une entière de côté en se jetant dehors anéantissent les espoirs
de trophée.
Le
troisième semble avoir oublié la pointe de ses cornes au campo. Il donnera
l’illusion de la bravoure en trois piques poussant bien la première
mais sortant seul de la troisième. Le novillo est manso avec un fond
de caste, il demande à être travailler avec autorité. Gonzalo Caballero
va lui servir une faena sur le pico, cherchant plus à porter sur le
public que sur le bicho. Celui-ci vient bien en début de faena, il est
encore du bon côté de la force, mais comme le torero ne s’impose pas,
il va basculer du côté obscur. Il se réfugie dans les tablas et se défend
sur place. Le novillero essaie de le faire passer dans la querencia
et finit par se faire accrocher assez vilainement .Il reprend le combat
sans avoir repris ses esprits, à demi-conscient il se fait prendre à
la première passe (deux puntazos très mal placés). Nouveau temps de
récupération, rhabillé à la va vite, il prend l’épée pour une bonne
estocade entière qui sera suffisante. Dans l’émotion, le public obtient
une oreille qui sera remise au matador avant qu’il ne parte vers l’infirmerie.
Le corps médical ne l’autorisera pas à venir toréer son second toro
après avoir fait un malaise à l’infirmerie. L’arrastre est applaudie
(j’ai du mal à comprendre).
Le
quatrième n’aurait jamais du sortir en novillada, il est « désarmé »
façon corrida de rejon. Comme personne ne proteste, pourquoi se gêner.
Il est très mal piqué, pique montée à l’envers. Comme ses congénères,
le toro a très peu de charge. Le torero, pourtant proche de l’alternative,
ne fait rien pour améliorer le Valdefresno .Toréant à distance, comme
Ponce, Cerro ne se croisera que pour la dernière série quand l’animal
ne réagit plus. La mise à mort est lamentable (3 pinchazos et un bajonazo).
Le
cinquième est le plus costaud du lot, il est aussi cornicorto. A son
entrée en piste, il humilie bien à gauche et à droite. Il sera mal piqué
en deux rencontres carioquées .Les banderilleros seront aussi mauvais
que le piquero. Brandon Campos va essayer de remonter le niveau. Très
sincère, il essaie de tirer des passes, en se croisant, d’un toro qui
va très vite à menos. La mise à mort sera à nouveau laborieuse (3 pinchazos,
une épée de travers en avant et trois descabellos). Dommage qu’il soit
maladroit à la mort, le jeune mexicain a des qualités, il a progressé
depuis son passage en piquée, à suivre…..
Caballero
retenu à l’infirmerie, c’est Rafael Cerro qui va se charger du 6ème.
C’est un novillo costaud, bien armé mais hélas avec des pointes abimées.
Dès sa sortie en piste, il marque un fort intérêt pour les tablas. Anecdotique
à la pique, il va donner du fil à retordre au novillero pour le maintenir
au centre. La faena, très technique ; est intéressante mais difficile
à comprendre pour une grande partie du public .Elle sera aussi trop
longue, endormant les spectateurs .Le toro décomposé, est très difficile
à fixer. Il tombera à la limite du troisième avis après 3 pinchazos,
une mauvaise lagartija, un entière et un descabello.
Ainsi
s’achève la novillada des fêtes roquefortoises. Les organisateurs ont
probablement commis l’erreur de changer de cap après l’échec des Fidel
San Roman de 2012, oubliant le superbe lot de 2011. La monumental en
Pins doit rester dans le créneau des courses toristas avec des élevages
qui produisent peu de lots comme les Valdellan qui ont illuminé la
nuit vicoise ou les Yonnet qui ont brillé à Céret. L’erreur est humaine
à condition de ne pas persévérer donc rendez vous le15 août 2014, même
endroit, même heure.
Thierry