Arènes
de Mimizan, corrida du 24 août 2013
6 toros de Camino de Santiago pour
Thomas Dufau (une oreille, une oreille)
Juan Del Alamo (une oreille, silence)
Juan Leal (silence, silence)
9/10ème d’arènes (plus de monde que l’an passé)
C’est
avec beaucoup d’honneur que j’ai apprécié le déploiement de forces de
l’ordre mis en place pour contenir mes fans lors de ma venue, ce samedi,
aux arènes de Mimizan. J’ai également appris avec bonheur que faire
la grève de la faim pendant 20 jours ne faisaient perdre que dix kg.
Je me suis donc empressé d’expliquer à ma fille, qui veut me faire faire
un régime, que cela ne servait à rien. Pour être plus sérieux, pour
permettre à la course de se dérouler sans être perturbée par les hordes
de hooligans télécommandées par les gourous animalistes (sous espèce
animale de l’extrême droite, rattachée au genre « cons irrécupérables »)
que sont Bardot, Leprêtre, Garrigue et consorts, un imposant service
d’ordre policier a été mis en place autour des arènes.
Les 150 très vilains Zantis ont été maintenus suffisamment loin du ruedo
pour ne pas perturber la corrida. Quelques aficionados en se rendant
aux arènes ont subi les propos haineux de ces sinistres individus et
ont su ne pas réagir. (Je les admire car personnellement, je ne suis
pas capable de me faire insulter par de jeunes ou vieux cons sans réagir).
Hélas, voyant qu’ils ne pouvaient pas « emmerder le monde », un groupuscule
s’est rendu, ou a été envoyé, à Rion des Landes pour perturber la première
non piquée des fêtes.
Grâce au maire et aux gendarmes présents, la course a eu lieu, les aficionados
sont restés calmes, les forces de l’ordre faisant leur travail avec
une « juste et légitime » rigueur (et aussi vigueur).
Pour ce qui est des choses taurines, on peut diviser en deux le lot
de Camino de Santiago, amené par Jean Louis Darré ce jour. Les deux
premiers sont sortis costauds, grosses cornes sans beaucoup de pointe,
et les quatre autres costauds, cornes fines vers le haut très astifinas
provenant d’un autre semental (le même qui a produit le troisième becerro
de Roquefort). Les deux premiers ont donné un peu de jeu et ont permis
aux toreros de s’exprimer, les quatre derniers se sont révélés mansos,
vite avisés et dangereux pour les matadors. Dufau et Del Alamo, plus
matures, se sont sortis de l’épreuve sans trop de dégâts, Juan Leal
a été accroché à plusieurs reprises et n’a jamais pu résoudre les problèmes
posés par ses opposants.
Le
premier castaño, seul cinqueño de l’encierro aux cornes arrondies, prendra
une seule pique trasera (comme la majorité des piques de ce jour) en
poussant un peu. Le toro donne immédiatement des signes de faiblesse,
mais est noble. Thomas Dufau en profite pour tirer quelques séries de
passes. Malheureusement, il retombe dans ses travers habituels, peu
de conviction, des passes donnés en ne se croisant pas et en ne toréant
qu’avec la main droite. Le public lui est tout acquis ce qui n’incite
pas le torero à l’effort. Seul ressort de cette faena, une bonne épée
entière et rapide d’effet qui peut justifier l’octroi d’une oreille
(refus justifié de la deuxième par la présidence).
Juan
Del Alamo est très attendu par les aficionados après ses récents succès,
en particulier à Bilbao. Le garçon a muri, plus posé, il a un toréo
élégant et sincère qui devrait lui permettre de rejoindre l’an prochain
une meilleure position sur l’escalafon. Comme le premier, le second
toro est un costaud, aux cornes sans pointe. Il prendra une première
pique trasera et un picotazo, le picador relevant le palo sans châtier
le toro. Ce type de tercio, canada dry, plait à un certain public, ne
correspond pas à ce quoi être un vrai tercio de piques et ne mérite
pas le prix au meilleur piquero accordé à Oscar Bernal, d’autant plus
que la pique était montée à l’envers. Del Alamo commence très classiquement
la faena par une série de doblones, puis enchaîne par des séries de
derechazos puis de naturelles données avec sincérité, en se croisant.
Le torero peut ainsi tirer le maximum de passes à un toro faible mais
noble .Le manque de caste du Darré enlève, hélas toute émotion. Le toro
va à menos, se réfugie près des planches. Une oreille est accordée pour
récompenser la qualité du travail de Juan Del Alamo conclu par une entière
en place et efficace.
Juan
Leal est attendu par une partie du public après ses succès à Samadet
et à Villeneuve de Marsan. Son premier opposant, toro costaud et bien
armé, accroche dès les premiers capotazos. Il prendra une seule pique
trasera puis rectifiée après le contact. Le torero va commettre l’erreur
de demander trop vite le changement. Seconde erreur, il va vouloir imposer
son modèle de faena au toro. Le bicho est un manso, il a une charge
courte et se défend sur place. Leal veut absolument lui imposer des
passes sur un petit territoire et ne cherche pas à conduire et tirer
la charge du toro. Ce qui marche avec un Fuente Ymbro limite soso, ne
marche pas avec un toro manso et de peu de charge. Le trasteo se limite
à une série de passes trémendistes, le matador est accroché, une partie
du public apprécie .Le mise à mort catastrophique sera la conséquence
de l’absence de travail sérieux en amont (un tiers de lame, sept pinchazos
et deux descabellos) .Leal échappe de peu au troisième avis et doit
à sa jeunesse et à la gentillesse du public à son égard de ne pas entendre
de bronca.
Même
modèle de toro au quatrième. Il poussera sous deux piques, elles aussi
trasera. Le toro a lui aussi peu de charge, se défend sur place . Dufau
veut essayer de lui imposer de suivre la muleta en lui donnant un peu
de distance et en laissant la flanelle sous le mufle. Il va parfois
parvenir à ses fins, arrachant deux bonnes séries sans arriver à améliorer
le toro. Une épée en arrière et de côté n’empêche pas l’octroi d’une
oreille, récompensant plus la bonne volonté que la réussite.
Le
cinquième est dans la droite ligne des deux précédents. Il prendra trois
piques (une dans l’échine, une dans le morillo et la dernière trasera).
Aux banderilles, il semble mieux venir à gauche qu’à droite. Mais c’est
pourtant par cette face que l’entreprend le torero. La muleta de Juan
Del Alamo est autoritaire et tire, en se croisant, de bonnes séries
à droite. A gauche la muleta est d’abord accrochée, avant de pouvoir
donner une série sincère et allurée de naturelles, puis une seconde
qui marque la domination du torero. Retour à droite, mais le toro ne
charge plus .Il sera très difficile à placer, et le matador sera moins
efficace que le muletero (un pinchazo, une atravesada et un descabello).
Le dernier toro accroche et bouscule le torero dès les premiers capotazos.
Il prendra une carioca trasera, un picotazo. Morenito d’Arles saluera
aux banderilles.
Comme
au troisième, Leal veut imposer sa faena à un toro manso, avisé et dangereux
.Bousculé sérieusement, il n’arrivera pas à prendre la mesure de son
adversaire et concluera par un pinchazo, une très vilaine épée et deux
descabellos. Applaudissements au retour vers les burladeros, le public
est encore décidément très gentil avec lui.
Il reste du travail à Jean Louis Darré pour stabiliser les caractéristiques
de ses Domecq. Le public est venu plus nombreux que l’an passé .Mais
une partie des aficionados étant à Rion, c’est plus un public de groupies
de toreros que de « connaisseurs », qui était présent sur les gradins.
Mimizan, qui a prouvé sa légalité, sa viabilité tarde encore à trouver
son identité. Pourquoi ne pas tenter une expérience plus torista ,se
basant sur des élevages français (Astarac, Yonnet , …..)
La FSTF a du souci à se faire Au lieu de promouvoir le tercio de piques,
elle entérine la dérive vers des tercios canada-dry en accordant des
prix non justifiés par la qualité de la prestation des piqueros. Comme
a Eauze, le prix aurait du être déclaré désertio.
Thierry