Des
taxis blancs, des claquements de portières, des milliers de gens
sur les trottoirs, des revendeurs devant Las Ventas, des artistes de
rues sur toutes les places, des mendiants et des mendiantes, une manif,
des bars à tapas, Desigual, la Venencia intacte dans son jus
comme il y a bien des années, des aficionados italiens croisés
par hasard, le Corte Ingles, une après midi au Retiro, el palacio
de cristal, de la musique dans les allées, le Metro et son ticket
10 voyages...
Et puis le mauvais coté de la mondialisation: les mêmes
boutiques partout: H&M, Zara, Promod, KFC, Burger King, McDo, Fnac...
Métro
Ventas
Le
problème principal des départs en voyages est qu'il faut
se lever tôt, voire très tôt. Rendez-vous aux arènes
à 4h du mat'. Bien entendu il pleut, on est en octobre... Heureusement
ma voisine, que j'ai entraîné dans l'aventure passe nous
prendre mon sac et moi. Et mon fils! Nous arrivons avant le bus, et
ne voyons personne, effets conjugués de la pluie qui a chassé
les voyageurs à l'abri de la tribune du fronton et de la buée
qui s'est formée sur le pare-brise. Le bus se gare, et nous montons
rapidement pour essayer de finir la nuit assis.
la basilique
royale
Le
premier arrêt, dans la région de Burgos, est pour prendre
le petit déjeuner dans la fraîcheur matinale. Viennoiseries,
pains, cafés et jus d'oranges ont été prévu
par la peña. Bien entendu nous nous rendons en file indienne
satisfaire un besoin naturel.
Les
vieux toit de Madrid
La
peña nous passe un DVD sur la dernière saison de Julien
Lescarret, ses rencontres quand il dédicace son livre, il revient
sur son parcourt, c'est très intéressant. Julien est un
torero intelligent et cela se voit quand il parle et analyse sa carrière.
Hélas ce reportage est suivi par deux autres sur les deux toreros
aquitains du moment. Guillon est peut-être mignon, mais il souffre
vraiment de la comparaison avec son aîné quand il ouvre
la bouche pour s'exprimer! Dufau n'est guère plus brillant, surtout
qu'en plus on sent chez lui une vraie réserve, voire de la timidité.
C'est vrai qu'ils sont également bien plus jeunes.
Moniales
dans le Madrid médiéval
Et
c'est ainsi que nous arrivons à Madrid, tout d'un coup, nous
sommes aux arènes. Ceux qui n'ont jamais vu Las Ventas, appelée
aussi "la monumental" comprennent immédiatement pourquoi.
On fait le tour du monument de briques, on photographie les statues
(Flemming, Dominguin, Yiyo), et on se fait immédiatement abordé
par des revendeurs qui ont les poches pleines de billets de corrida.
Je ne veux pas de leurs tickets, surtout qu'il n'y a pas de file d'attente
aux guichets. Je demande deux places pour la corrida de dimanche, au
soleil, les moins chères. La dame me dit "diez cuarenta".
Je suis tellement surprise que je lui fais répéter trois
fois: 10,40€ les deux places!!! Mon fils lève alors le nez
vers la Monumental et commente "on va être là-haut".
Eh oui.
Nous remontons dans le bus la calle de Alcala, la Cibeles, la Puerta
de Alcala (ahi esta) pour arriver à l'hôtel où on
descend et récupérons les bagages, bien entendu coté
circulation, et ça roule vite! A l'hôtel les chambres ne
sont pas prêtes (un grand classique!) et nous les stockons dans
une pièce le temps d'aller manger.
La
faim commençait à se faire sentir, et c'est avec plaisir
que nous trinquons, un pot offert par la peña (décidément
que de bonnes idées!). La paella était sèche, on
aurait même dit qu'elle avait déjà été
servie: mon fils n'avait qu'une tête de crevette, je n'en avais
aucune, par contre la rondelle de calamar était caoutchouteuse,
et les poivrons légèrement brûlés. Le plat
qui a suivi, la ternera était correcte, les frites pas assez
cuites à mon goût (mais je les aime bien grillées)
et les blettes délicieuses. En dessert un esquimo vanille (bouh,
même pas chocolat). Bon, de toute façon on n'avait plus
faim, et il nous tardait d'attaquer la visite de la ville!
Mais d'abord on a investi nos chambres. Sans fenêtre. Si si, c'est
possible. Il y avait bien une vitre avec un paysage collé dessus,
un éclairage derrière, et des rideaux pour faire croire
que. Flippant, en cas d'incendie on ne sortira pas par là...
La douche ne fonctionne pas, on passera le week-en à faire des
ablutions à quatre pattes dans la baignoire...
Don
Quichotte et Sancho Pança
Une
fois dehors nous partons voir le Palais Royal et ses jardins. La basilique
royale, tout à coté. Puis nous descendons l'avenue jusqu'à
la basilique de St François le Grand et sa coupole de 23 mètres
de diamètre, décorée de peintures sublimes. On
remonte vers la Plaza Mayor en slalomant dans les petites rues et places
médiévales. On passe au marché St Michel, et on
décide de boire un coup. Deux horchatas (une spécialité)
et un granizado. Hélas la machine à granizado est en rade.
Trois horchatas. Dix euros. Je ne savais pas que 10 est un multiple
de 3...
On continue vers la Puerta del Sol où les touristes se sont photographier
devant l'ours et l'arbousier: on fait pareil.
Les
jardins à la française de l'Escorial
Une
cour intérieure à l'Escorial
Nous
descendons dans le Metro pour prendre un ticket de 10 voyages et nous
remontons vers l'hôtel pour en redescendre aussitôt direction
les arènes, nous pouvons arriver avant la fin de la corrida,
et se glisser dedans pour voir l'architecture. Hélas nous avons
un peu traîné, et nous sortons du Métro juste au
moment où dix mille personnes veulent y rentrer. Nous remontons
le courant comme des poissons le gave. Nous entrons dans Las Ventas
et grimpons un escalier pour voir la piste: ah!!! Puis, voyant des gens
fouler le sable, j'ai l'idée du siècle: on va faire pareil.
Me temps d'aller au patio de caballos et hop nous voilà dans
le long couloir, tellement long que la police nous a stoppé avant
que j'ai atteint les planches du burladero. Seul mon fils et ses grandes
jambes y sont arrivés! Nous faisons le tour du patio, regardons
les écuries de loin, et sortons pour rejoindre le centre, à
la recherche de bars à tapas du coté de la plaza Santa
Ana.
Les
arènes de Colmenar Viejo
Comme je m'étais levée à 3h30 du matin je commençais
à atteindre mes limites. Et au bout d'un moment, quand je suis
trop fatiguée, je n'ai plus qu'une idée c'est dormir.
Comme nous n'arrivions pas à nous mettre d'accord sur l'endroit
sympa où boire et manger, j'ai complètement craqué
et failli planter les autres là, fils compris, pour aller me
pieuter. Du coup le premier bar venu a fait l'affaire, et on a mangé
des tapas. Les croquetas étaient très bonnes (je suis
fan), le chorizo moins top, le poisson très bon, les patatas
bravas bonnes aussi, ça allait mieux après. Nous sommes
rentrés en marchant tranquillement (pour ceux qui savent) vers
l'hôtel. Nuit courte mais réparatrice!
Trophée
devant l'arène à tienta chez Flor de Jara
Sept
heures du mat' le réveil et 7h15 le téléphone,
auquel j'ai répondu "si" "buenos dias" "buenos
dias" "son las sieste y cuarto" "muy bien, gracias":
Je suis bilingue à 7h du mat' c'est dingue!!! Après la
douche le petit déj, où est proposé une variété
impressionnante de produits pour les anglo-saxons: saucisses, ufs,
jambon... Il y a même des churros salés. Froids pas top,
mais une fois passés au grill ça allait.
Les
toros survivants de chez Flor de Jara
Dans
le bus tout le monde m'attendait, j'avais compris 8h30 et c'était
8h15: pardon. Direction El Escorial. Granit gris, froid, austérité!
Sur deux des cotés une grande place bordée par ce qui
pouvait servir d'assise. Avec le fils nous décidons de monter
dessus, et on se retrouve pile entre le monument et un groupe qui était
en contrebas et qui se faisait prendre en photo. Le photographe a du
se dire qu'on surgissait comme des guignols de leurs boites.
A 10h le guichet a ouvert et on a pu entrer. Mais en 1/2 heure (parce
que cette fois je n'avais pas l'intention d'être à la bourre
au bus) pas vraiment le temps de voir grand chose. J'ai bien aimé
les maquettes des églises et basiliques ainsi que les plans de
l'époque. On a beau dessiner à l'ordinateur, les codes
n'ont pas changé. Hélas hélas pas le temps de faire
tout le tour de l'Escorial, je pense que pour tout regarder il faut
une bonne demie-journée.
Au
bus je suis la première, et direction les arènes de Colmenar
Viejo de sinistre mémoire, qui ont vu la mort d'El Yiyo, d'un
coup de corne dans le cur à 25 ans à peine. La police
dit au chauffeur de bus qu'il ne peut pas être là. Lui
fait semblant de ne pas comprendre: "no puedes estar aqui"
"muy bien aqui?" "no!!!" Finalement il fait de grandes
manuvres pour se garer sur la place piétonne, pile devant
les bancs de papis se chauffant au soleil du matin. Nous attendons,
attendons, attendons. Le ganadero arrive, avec une voiture qui a un
pneu crevé. Il part, certainement à un garage se faire
changer la roue. Nous attendons. Il revient et nous partons. On roule,
roule, roule. Si Colmenar est le village le plus proche de chez lui,
il est bien isolé...
Le ministère
de l'agriculture
Nous
arrivons en pleine tienta, où des aficionados espagnols sont
déjà en train de regarder. Nous regardons aussi, faisons
le tour de son arène de tienta où tout semble fait pour
recevoir des groupes. Pas mal aménagé son truc.
Les vachettes sont bonnes, mieux que les jeunes toreros. Bien entendu
je n'en connais aucun.
Les espagnols étant partis, le ganadero nous dit qu'il a organisé
la tienta parce qu'il ne peut pas nous montrer de toros, c'est la fin
de saison, ils sont tous morts. Là je suis au bord du fou-rire
tellement c'est comique: tous morts? le ganadero se soucie beaucoup
de l'heure qu'il est, si on mange à Madrid, faut qu'on rentre,
parce que sinon on risque de louper la corrida. Bon, il a un semental
pas loin, et puis on pourra toujours voir son troupeau de vaches en
partant à droite. Il nous fait approcher la bête avec deux
cabestros, puis on fait un caprice: une photos du groupe dans les arènes.
Moi j'en veux une dehors, devant le nom écrit en azulejos. On
lui remets son cadeau, il semble un peu (à peine) gêné,
du coup. Mais nous partons quand même.
La gare
d'Atocha
Madrid:
nous prenons le Metro direction où la veille on avait vu un quartier
sympa plein de restaus. Je retrouve la rue comme un limier sur la piste
du crime, d'autant que j'ai faim (il est 16h). Dans la rue pleine de
restaus je laisse le flair de la spécialiste du Rocio choisir.
Le restau s'avère un excellent choix: la Posada del Dragon. Des
callos, de la queue de buf, des chipirons, miam miam miam!!!!
Nous sortons de là à 17h, avec chacun un programme différent:
rendez-vous à l'hôtel à 21h.
Le temple
de Debod
Au
Musée de la Reine Sophie je vais voir Guernica avec mon ado qui
trouve "moche". Par contre il a adoré le granizado
que nous avons suçoté pendant 20 mn en terrasse. Puis
on a visité la gare d'Atocha, où je n'ai pas pu entrer
dans un BodyShop (on n'en a pas au Moun!). Retour au centre pour un
passage rapide au Corte Inglès et à la fnac, où
j'ai bien trouvé des disques mais pas le livre que je cherchais.
Hôtel à 21h pile, pieds en compote, bras en croix sur le
lit.
A l'intérieur
du temple
Une
heure après nous partons dans les rues, j'ai cette fois repéré
un bar à tapas avec des jambons pendus au plafond. Le choix n'est
pas mauvais. On picole un peu, le "pan con tomate" est bon,
tout va bien. Après on a marché dans les rues encombrées
de gens, cherchant où prendre un dessert. On a trouvé
un tabac ouvert 24/24h, ce qui fait que j'ai pu acheter des timbres
pour mes cartes. On a pris un dessert, et on a encore marché.
Puis dodo, car demain réveil 8h pour charger le bus à
9h30.
L'ermitage
de Saint Antoine de la Florida et la statue de Goya
Le
dimanche matin la grand Via est remplie de cyclistes, y'en a davantage
que des taxis les autres jours. Nous prenons donc les valises et entreprenons
la migration vers le bus.
De là nous partons visiter le petit Temple de Debod, que l'Égypte
a offert à l'Espagne pour la remercier de l'aide apportée
au sauvetage des temples d'Abou Simbel. A l'intérieur nous voyons
qu'il y a un peu partout en Europe des temples offerts pour la même
raison. A l'intérieur certaines pierres sont gravées de
personnages. C'est un endroit sympa.
Ce qui l'est aussi, c'est depuis le jardin, la vue que l'on a sur l'autre
façade du Palais Royal. Nous le longeons en descendant la rue,
pour aller au Metro Principe Pio. L'église où est enterré
Goya ne doit pas être loin. En fait je n'en sais rien, vu que
c'est "hors plan". Nous marchons. Nous demandons à
une dame qui sent le vieux parfum espagnol (celui qu'on trouvait avant
les ravages de la mondialisation), qui nous assure que nous sommes sur
la bonne voie.
La foule
au Rastro
Effectivement
nous trouvons. En fait le premier ermitage, dont Francisco Goya a peint
les fresques du plafond et la coupole, sert de lieu de visite pour les
touristes, et le second, construit à l'identique juste à
coté, sert pour le culte. Effectivement il y a une messe. Nous
entrons dans le lieu touristique. Une vidéo d'un quart d'heure
explique la vie de Goya et son uvre. Puis nous pénétrons
dans l'église elle-même. Elle est vraiment minuscule. Mais
super jolie. Les fresques sont magnifiques, d'une fraîcheur colorée
qui doit réconforter le maître enterré devant l'autel.
Mort à Bordeaux, mais rapatrié ici en 1919. Lui qui avait
choisi l'exil à Bordeaux je ne sais pas ce qu'il en aurait pensé.
Canotage
au Parc du Retiro
Retour
au Metro, et sortie pour le Rastro. Trop de monde, trop de merdes, trop
de gadgets et de mauvais plastique... Nous avons d'ailleurs perdu au
Rastro l'une d'entre nous, mais comme c'est une grande fille, on s'est
dit qu'elle allait se débrouiller. Re-passage par le Metro pour
revenir au centre, calle Etchegaray à la Venencia. Des années
que je n'avais pas bu un verre ici, avec leurs bonnes olives. Des décennies...
Accoudée au comptoir, je commençais à me sentir
bien, voire à me sentir chez moi. C'est alors que les aficionados
italiens ont surgis de je ne sais d'où, avec une réplique
miniature d'eux. Ils nous ont expliqué que la petite n'étant
"pas du tout tranquille" ils alternaient un toro sur deux.
J'espère juste qu'ils n'ont pas pris des places au 3ème
étage des arènes...
Nous mangeons à coté, à "la choza" c'est
très bon, copieux et pas cher: 12€ boisson et dessert compris.
Top blanc, clean, design. Certes ça ne fait pas espagnol, mais
eux aussi ont droit à Valérie Damidot, et la sciure sur
le carrelage, y'a longtemps que Bruxelles l'a interdit!
Le palais
de verre
Retour
dans le Metro, arrêt au Retiro pour voir le Palacio de Cristal.
Bien rénové, il doit maintenant accueillir des expos.
Il y a une vingtaine, les vitres étaient sales et on ne pouvait
pas entrer dedans, juste se contenter de faire le tour. Dans le parc
toujours des musiciens partout, des jeunes, des gens qui font du canot.
C'est vraiment un endroit sympa. Je me dis qu'on aurait du venir là
ce matin, au lieu d'aller au Rastro.
Retour
à Ventas où nous escaladons jusqu'au 3ème étage.
Alors on voir bien la piste, ça c'est sur! On voit bien les piques,
on est pile au dessus, comme si on était dans un hélico.
Je suis heureusement d'avoir des gens devant moi et de ne pas être
en balconcillo, car c'est vraiment haut... Il fait beau, je me prends
le dernier bain de soleil avant le printemps prochain.
Ferrera
court autant que le toro, s'accroche comme un novillero. Ce type est
dingue, mais parfois génial, et jamais dégoûté.
Il pose des banderilles comme s'il était à une fête
de village, et coupe une oreille, finalement, parfois aussi Madrid est
un village.
Je pense aux cartes postales dans mon sac. Je demande autour de moi
s'il y a une boite près des arènes. Bien entendu ils sont
tous de Madrid, mais chacun d'un autre quartier, et ne savent pas où...
En sortant je me renseigne encore, un type me balance tellement d'information
que je n'y comprend rien, mais je le remercie en faisant celle qui a
compris. S'il faut il m'a parlé patois... Je marche, et tout
à coup je la vois, de l'autre coté de l'avenue: une belle
boite jaune!!! Je traverse, poste, retraverse. Bus.
Après
on a roulé, mangé, roulé, dormi.
Les
arnaqueurs: La dame du restau qui me dit que 9,50 + 7,50 ça fait
18, je lui dis non 17, elle me dit que j'ai raison, et sur 20€
ne m'en rend que 2...
Mon fils qui reste 20 secondes devant Guernica et me dit "bon,
on y va?" (8€ l'entrée, merci)
C'était
bien Madrid, me tarde le prochain voyage...
Merci Laurence et la Peña Lescarret!
Dernière
image des arènes avant le départ
isa
du moun