Miurada
des temps modernes.
Arènes
d’Hagetmau, dimanche 04 août 2013: 1ère novillada de la Feria du Novillo
6 novillos de Don Eduardo Miura pour
Imanol Sanchez (silence, une oreille)
Cayetano Ortiz (silence ,bronca)
Cesar Valencia (une oreille, applaudissements)
¾ d’arènes
La
famille Miura n’a pas attendu ce 04 août pour renoncer au privilège
d’être l’élevage qui produit les toros les plus atypiques et surtout
les plus compliqués voire sournois .Depuis quelques années le sang de
la devise rouge et verte s’est adouci et donnent des toros qui exigent
beaucoup du torero mais permettent de réaliser des faenas. Au moins
trois des toros de ce jour correspondaient au Miura moderne, les deux
premiers trop faibles, voire handicapé, ne peuvent être évalués. Seul
le 6ème correspond à l’image véhiculé par la légende des pensionnaires
de Zahariche et a apporté en piste l’émotion qui a parfois manqué en
cette chaude après-midi landaise. Comme d’habitude, chez Miura on ne
choisit pas, le lot envoyé ce jour à Hagetmau était constitué de novillos
présentant tous des défauts (conformation, armure, cornes « abimées »………)
qui les auraient rendus impropres à la commercialisation en corrida
compte tenu du standing de l’élevage.
La
palme de la laideur revient au premier. Gros becerro, il est affecté
d’entrée d’une boiterie qui va aller en s’accentuant jusqu’à provoquer
la perte d’un sabot dès le début de la faena. Imanol Sanchez doit abréger
la faena. On peut se demander pourquoi le toro n’a pas été changé dès
qu’il a éprouvé des difficultés à s’appuyer sur sa patte avant droite.
La blessure, il s’agit ici d’une maladie, est antérieure à l’entrée
en piste donc le changement est règlementairement possible. Aujourd’hui
on change un toro « illégalement », un toro qui se casse une corne et
plus personne ne réagit quand sort un toro manquant de trapio, aux cornes
arrondies ou handicapé comme ce premier Miura.
Dépité, Imanol Sanchez va accueillir le quatrième toro à puerta gayola,
réception quelque peu chahutée. Le toro perdra une partie de l’enveloppe
de sa corne gauche dans un choc contre un burladero savamment provoqué
par un des peones. Trois rencontres au cheval (une trasera, une correcte,
un picotazo), du tercio de banderilles ressort une spectaculaire paire
Al Violin. Le jeune torero, même s’il a épuré son style, n’est pas un
artiste. Il va profiter toutefois de la noblesse de son opposant. S’il
est parfois maladroit, il est volontaire, courageux, et se croise, qualité
rare de nos jours et toréé avec sincérité. Il est aussi très efficace
au moment de tuer, ce qui lui permet de couper une oreille.
Déjà spécialiste des novilladas dures, il sera très vite cantonné à
l’échelon supérieur dans les corridas difficiles. Espérons qu’il saura
y trouver sa place malgré la difficulté du chemin qui s’impose à lui.
Si
Imanol Sanchez est à sa place dans une corrida comme celle d’aujourd’hui,
Cayetano Ortiz ne l’est pas. Il manque à la fois de technique et d’envie
pour affronter ce type de bétail. Dés les premiers capotazos, le jeune
biterrois va reculer .Peu et mal piqué, le toro est noble mais il manque
de force et de charge, probable conséquence d’une « grosseur » à la
patte avant qui aurait du le faire écarter du sorteo. Le toreo va toréer
sur le voyage, souvent fuera de cacho il ne pèse pas sur l’animal et
finira par être débordé par ses retournements rapides. La mise à mort
est symptomatique d’un torero sans recours et sans motivation. A une
mete y saca dans l’échine succèdent un bajonazo et 9 descabellos, le
public, gentil, ne râle pas trop.
Le cinquième ne sera pas le toro du desquite pour le protégé de Denis
Loré. Le Miura a un comportement bizarre, il part par à coups, parfois
de loin, parfois de près. Il poussera sous la première des deux rencontres
face à la cavalerie Bonijol. A droite la première série de derechazos
est de qualité, croisée et templée. Si la corne gauche est compliquée,
à droite le toro vient bien. Hélas le torero retombe très vite dans
ses travers, passes sur le voyage fuera de cacho et en reculant. La
faena va à menos, dégradant la charge du toro alors que physiquement
il a encore des possibilités. La mise à mort est une nouvelle fois catastrophique,
un tiers de lame en avant et une quinzaine de descabellos, le gentil
public d’Hagetmau finit par se fâcher.
Cesar
Valencia a laissé une bonne impression après ses prestations de Saint
Perdon et d’Aire sur Adour. Son premier opposant, le mieux présenté
du lot, sera aussi mal piqué que ses congénères (deux rencontres). Le
jeune vénézuélien réveille le public aux banderilles. Le toro est compliqué,
il accroche à droite et à gauche. Le torero va se mettre devant, tirer
les passes une par une sans reculer. La faena est forcément décousue,
mais reste intéressante, elle montre les qualités techniques de Cesar
Valencia après seulement un an en novillada piquée. Comme il fallait
s’y attendre, la faena va à menos au fur et à mesure que le bicho se
décompose. Un pinchazo, une épée en avant, une pétition non majoritaire
et le palco accorde une oreille pour récompenser la bonne volonté du
novillero.
Le
dernier toro est à la fois léger comme un becerro et armé comme un toro
de 4 ans (un peu gacho).Il sera mal piqué en 4 rencontres (dont une
face au réserve), c’est dommage car le toro semble brave et à surtout
un coup de tête que des piques traseras ou immédiatement relevées ne
peuvent pas corriger. Bien banderillé, il arrive au troisième tiers
avec une tête très désordonnée. Le novillero l’a compris et entreprend
le toro par des doblones autoritaires et de bonnes séries à droite et
surtout à gauche s’efforçant de faire humilier le bicho. Mais le manque
d’expérience se fait sentir et le toro va toucher deux fois la muleta.
En vrai Miura, il va très vite comprendre et s’en suit une série de
désarmés. Le toro prend le dessus sur le novillero qui n’a pas encore
le métier ou la rouerie pour dominer un tel adversaire. Le toro devient
de plus en plus difficile, le matador finit par baisser les bras et
aura du mal à fixer l’animal pour une entière en avant qui sera efficace.
Arrastre et torero seront applaudis.
Une
novillada compliquée, mais avec des possibilités, pour des toreros dont
l’avenir semble tracé pour le premier (les corridas dures pour Imanol
Sanchez s’il prend l’alternative), très très incertain pour Cayetano
Ortiz, avec des perspectives pour Cesar Valencia.
Deux
coups de gueule, la présentation de certains bichos plus dans l’esprit
festival (y compris les cornes) que dans celui d’une feria du novillo
« d’obédience » torista, et le manque totale d’éducation de certains
festayres qui trouvent fun de lancer ce qui leur sert de chaussures
au torero lors des vueltas. A la place des peones, je ne les ramasserai
pas, les traitant par le mépris, laissant les areneros les mettre directement
dans le panier avec le sable souillé et le crottin des chevaux.
Gentille
novillada de Cebada Gago
Arènes
d’Hagetmau, lundi 05 août 2013: 2ème novillada de la Feria du Novillo
6 novillos de Cebada Gago pour
Manuel Dias Gomes (silence, silence)
Rafael Cerro (vuelta, une oreille)
Fernando Rey (une oreille, silence)
Vuelta exagérée au 4ème novillo
Les
héritiers de Cebada Gago ont envoyé à Hagetmau, une novillada dans le
type de la casa homogène, de petit gabarit. Tous les novillos sont sortis
en apparence astifinos. Au moral ,un lot avec de la noblesse et un fond
de caste qui permettait sûrement mieux que ce que nous ont offert les
3 novilleros présents ce jour. Malgré quelques bons passages, ils sont
restés très en dessous des possibilités offertes avec, facteur aggravant,
une faillite totale pour certains avec les aciers.
Le
premier, le plus léger de l’après-midi, se comportera en manso sous
le fer en sortant seul de la première rencontre, la seconde se limitant
à un picotazo pour la forme. Manuel Dias Gomes possède une excellente
cuadrilla qui sera appelé à saluer à l’issue de chacun des deux tercios
de banderilles lui incombant. Le Cebada Gago est noble mais faible et
de ce fait transmet peu d’émotion. Il est meilleur à droite qu’à gauche.
Le novillero portugais est un élégant torero de salon. Ses séries à
droite et à gauche, le toro s’améliorant sur cette corne, sont « jolies »
mais elles manquent de sincérité. Peu croisé et souvent fuera de cacho,
il utilise ses longs bras pour tenir à distance le novillo. C’est beau,
mais doit mieux faire surtout lorsqu’on est dans le peloton de tête
de l’escalafon. Comme ses compatriotes rejoneadores, Dias Gomez a un
problème avec la mise à mort. Il tue son premier adversaire d’une vilaine
épée dans l’échine.
Le
quatrième novillo pousse et sort seul de la première pique (pour une
fois bien administrée), à la deuxième il subit plus qu’il ne pousse.
Le toro est extrêmement noble . Il est allé à mas, gardant tout au long
de la faena un fond de caste qui va le conduire à charger à la moindre
sollicitation du novillero. Dias Gomez a du métier, il sait profiter
de l’allant de son adversaire sans vraiment s’exposer en composant « artistiquement »
la figure. Il est à nouveau catastrophique à la mort (6 pinchazos, 1/3
de lame en avant et ½ en arrière. La vuelta est accordé au noble Cebada
Gago, généreuse si l’on considère le premier tercio,surtout après ne
pas l’avoir accordé à l’excellent troisième. Mais aujourd’hui la douce
noblesse est préférée à la caste piquante.
Rafael
Cerro est un des novilleros punteros de la temporada. Son premier adversaire
poussera en deux rencontres face à la cavalerie poids plume d’Alain
Bonijol. Le toro vient mieux à droite qu’à gauche, il accroche parfois
la muleta. Le jeune torero ne s’engagera pas totalement dans la faena,
alternant de bonnes séries avec d’autres plus en retrait, l’ensemble
manquant d’efficacité et ne pesant pas sur le toro. Cerro profite, à
la Ponce, de la baisse de régime du novillo en fin de faena pour enfin
se croiser. Le public n’est pas « emballé », le novillero, pour les
statistiques, s’octroiera une vuelta après un pinchazo et une estocade
très en avant mais efficace.
Le cinquième plus costaud que ses prédécesseurs, ploiera les genoux
lors d’une unique rencontre avec la cavalerie. Faible, il est économisé
aux banderilles et par le torero en début de faena. Le toro se révèlera
soso, le torero en profite pour nous proposer une faena « moderne »
fuera de cacho et sur le pico plus destiné à porter sur le public qu’à
dominer son fade adversaire. Conclusion en forme de julipié, mal placé
mais très rapide d’effet et tombe une oreille (soit vox populi, vox
dei, heureusement que le péon de confiance de Cerro se fait recadrer
lorsqu’il tente de mendier un second appendice).
Fernando
Rey avait été vu à son avantage en non piqué dans le Sud Ouest. Il est
passé depuis peu à l’étage supérieur. Il est encore vert et de plus
pas aidé par une cuadrilla catastrophique. Son premier adversaire, très
typé Cebada Gago, charge et pousse avec bravoure en deux rencontres
avec un piquero lamentable. Encasté, il lui manque juste un peu de force
en début de faena, il chute si le torero le fait trop humilier. Le novillero
est plein de bonnes volontés, sympathique et volontaire mais il manque
cruellement de technique. Il va finir par se faire déborder par la caste
et le coup de tête d’un opposant qui va à mas d’autant plus que le torero
le toréé systématiquement en donnant la sortie vers le haut. Une fin
de faena brouillonne précède 2/3 de lame de côté et un descabello .Un
peu à contre cœur, le président accorde une oreille.
Le
6ème sera le mieux présenté de l’encierro. Il déborde la cuadrilla qui
le laisse volontairement partir au réserve qui se fera un malin plaisir
à le coincer pour une carioca assassine. Le bicho est plus soso que
noble, à droite il fait l’avion sans présenter de difficulté majeure.
Fernando Rey par manque de métier va laisser passer l’occasion de couper
deux oreilles. Il ne sait pas trouver la distance et le rythme pour
exploiter la charge un peu naïve de son adversaire. La mise à mort en
deux temps refroidit le public ce qui rend la pétition d’oreille minoritaire
et évite une sortie en triomphe injustifiée aux vues des prestations
d’un torero encore trop vert pour s’imposer face à un tel bétail. Le
mayoral est invité à saluer, ce qui peut se comprendre compte tenu de
la qualité et de la diversité des comportements de certains novillos
lidiés ce jour .
La
vuelta et la sortie a hombros sont par contre complètement déplacées,
le lot ayant parfois fait preuve de soseria et manqué d’énergie face
au cheval et ayant manqué de cette hargne à laquelle nous ont habitué
les Cebada Gago.
Palmas
au président qui a su dire non et ne prendre ses responsabilités face
à des pétitions non majoritaires, pitos « bienveillants » aux deux groupies
assises parmi les officiels qui ont agité leur mouchoir jusque sous
le nez du président. Elles ont oublié le devoir de « réserve » ou plutôt
de modération qui incombe pour l’une au titre de Reine des Fêtes et
de Maire de Mont De Marsan et Présidente de l’UVTF pour l’autre.
Excellent
lot d’Alma Serena pour conclure à Hagetmau
Arènes
d’Hagetmau, mardi 06 août 2013: 3ème novillada de la Feria du Novillo
4 becerros de la ganaderia Alma Serena pour
Daniel Soto (silence, silence)
Louis Husson (deux oreilles silence)
¼ d’arènes
Pour
clore l’édition 2013 de la Feria du Novillo 2013, les organisateurs
d’Hagetmau nous ont proposé une intéressante novillada non piquée. Concurrencée
par la corrida de Villeneuve de Marsan, elle n’a malheureusement pas
attiré la grande foule. Dommage car le lot fourni par les frères Bats
de présentation irréprochable (voire surdimensionnée en l’absence de
picadors) ont tous donné du jeu. Très encasté et noble ils ont débordé
les deux toreros au bagage technique, notamment avec les aciers, encore
limité.
Tous les novillos seront ovationnés à l’arrastre.
Daniel
Soto accueille son premier adversaire à puerta gayola. Le bicho, bien
présenté, met en déroute les banderilleros au second tiers. Il répondra
avec allant à toutes les sollicitations du torero au long de la faena.
Soto l’entreprend à droite par de bonnes séries de derechazos. Le novillo
est encasté, il faut lui proposer une muleta autoritaire qui l’oblige
à humilier .Si le novillo va à mas, le novillero va à menos. Ses séries
sont de plus en plus brusques, retirant trop vite la muleta et ne dominant
pas. A la fin de l’exercice, l’Alma Serena, gueule fermée, a pris le
dessus sur le jeune espagnol. Comme à Plaisance, Soto va être catastrophique
avec les estocs (3 pinchazos, une mete y saca et le novillo tombe sans
vraiment avoir été estoqué).
Le
second plus costaud que le précédent mais armé de façon plus commode
sera superbement banderillé par El Santo (salut).Le becerro se retourne
vite en début de faena, mais Louis Husson saura utiliser sa bonne corne
gauche pour allonger la charge. Le toro est noble et un peu faible.
Le torero en prend la mesure et alterne droite et gauche pour de bonnes
séries templées. Comme d’habitude, le landais semble perdu en fin de
faena quand le torero doit plus solliciter son opposant.Le final est
donc haché, incertain et brouillon. 2/3 de lame en place seront suffisants,
deux oreilles sont accordées, une pour le travail et une par régionalisme.
Le
troisième aurait eu sa place dans nombre de novilladas piquées. Costaud,
il va s’avérer noblissime. Soto mettre du temps à comprendre ce qu’il
pouvait tirer d’un tel opposant. Seule la dernière série sera à la hauteur
des qualités du toro, le reste sera profilé, fuera de cacho et/ou sur
le voyage. En fin de faena, le novillo n’est pas dominé, il a encore
plusieurs séries dans les pattes, il a été hélas gâché par manque de
recours et de motivation. Cette fois ci une seule entrée à matar sera
suffisante mais l’épée est tellement laide que c’est dans le silence
que le jeune espagnol regagne les burladeros. L’arrastre est ovationnée.
Quand on voit l’inanité de certains mouchoirs bleus ont ne peut regretter
que cet excellent combattant n’est pas été honoré d’une vuelta post
mortem.
Le
quatrième et dernier est lui aussi très costaud .Il aurait nécessité
lui aussi d’être piqué. D’autant plus que si le troisième était encasté
mais noble donc abordable pour un becerriste, ce joli novillo est un
vrai manso con casta. Il va faire régner la terreur en piste. Husson,
dépassé et peu conseillé se lance dans une faena « type baston » qui
ne porte pas sur le novillo et accentue plus ses défauts qu’elle permet
d’exploiter ses qualités.
Par pundonor, le torero ne cède pas à son envie d’abréger la faena dès
la deuxième série et s’efforce de rester face à un toro qui devient
de plus en plus dangereux. La mise à mort sera un calvaire pour le jeune
torero Dacquois ,2/3 de lame mal placée, une atravesada, 7 descabellos
et le toro se couche à la limite du troisième avis, généreusement et
logiquement retardé par la présidence.
Husson, sort a hombros, dommage que la ganadero n’ait pas été appelé
à saluer pour récompenser la qualité du bétail présenté.
Ainsi
se finit la Feria du Novillo 2013, marquée par la diversité et la qualité
du bétail et la faillite des novilleros avec les aciers.
Thierry