Un
Bolsin 2013 décevant
Le
beau temps revenu, de nombreux aficionados sudouestiens ont fait le
pèlerinage annuel de Bougue espérant découvrir de nouveaux talents au
cours du 19ème Bolsin.
Comme d’habitude, celui-ci se déroule en deux temps : qualification
lors d’une tienta le matin et finale lors d’une novillada non piquée
après le repas.
Les
qualifications
Les
9 candidats ont été confrontés à 9 vaches de la ganaderia Camino de
Santiago Face au cheval, les vaches ont eu des comportements divers
et variés allant de "pas terrible" à "excellente",
elles ont toutes faits preuve de noblesse à la muleta et ont permis
de juger de manière équitables les apprentis toreros.
On
peut classer ceux-ci en quatre catégories : ceux qui sont passés à côté :Antonio
Araujo (Coria del Rio), Rafaël Rubio (CFT Nimes), Joao
Machado (ET Béziers), Francisco Colmenero Blanco (ET Salamanca)
ceux qui ont laissé entrevoir des possibilités : Jonathan Vaera
(ET Castellon de la Plana)
ceux qui se sont qualifiés grâce à la qualité de leurs opposantes :
Miguel Andrades (ET Jerez)
ceux dont la qualification est incontestable : Louis Husson (ET
Adour Aficion)
ceux dont la qualification est incompréhensible (ou sujette à caution) :
Leo Valadez (Fundacion El Juli)
Ceux dont on ne comprend pas pourquoi ils n’ont pas été qualifiés :
Carlos Corradini (Sevilla) ce dernier torero mérite d’être vu
à nouveau en non piquée tant il a fait preuve de temple et de technique
face à une vache qu’il fallait consentir .
Côté
bétail seules les 3ème et 8ème vaches ont été retenues par le ganadero.
Vache
de Darré, Camino de Santiago par Chroniques-du-Moun
La
novillada non piquée
Après
un excellent lot en 2012 , c’est à nouveau l’élevage de José Cruz
qui a été choisi par les organisateurs . Irréprochables côté trapio
, très voire trop commodes de cornes, ils ont fait preuve de caste et
de noblesse , qualités que n’ont pas su exploiter les trois toreros
en compétition
Dans
un premier temps, chaque torero affronte un novillo.
Miguel Andrades :salut
Louis Husson :une oreille
Leo Valadez : silence
Le
premier becerro (plus costaud que les novillos d’Aire) est reçu avec
élégance par Manuel Andrades. Le toro donne des signes de faiblesse
(effet du débarquement direct du camion ?), mais il se reprend. Il est
à la limite de la noblesse et de la mansedumbre. Le passage de l’un
à l’autre nécessite une muleta autoritaire et un torero qui se croise ;
Hélas le jeune torero ne possède pour l’instant ni l’une ni l’autre
qualité. Il confirme qu’il avait fait bonne impression en qualification
parce qu’il avait en face de lui une très bonne vache qui se toréait
quasiment toute seule. Sans s’imposer le jerezano use du pico et reste
très en dessous des capacités du toro. Après une épée très mal placée,
c’est une épée moyenne qui a raison du novillo .Le public reste froid.
Deuxième
qualifié, Louis Husson hérite d’un becerro plus léger qui va
se casser une corne contre un burladero. Fracturée, elle reste en place
mais le comportement de l’animal va en être affecté, le toro restant
souvent sur la défensive. De la faena on retiendra uniquement une belle
série de naturelle, le reste est élégant, appliqué mais manque de lien.
Après un pinchazo, une estocade entière fait tomber le José Cruz sur
le sable des arènes et une oreille du palco.
Leo
Valadez a troqué son costume mexicain du matin pour un traje de
luce traditionnel. En torero sud américain, il reçoit avec beaucoup
d' élégance et d’alegria le toro à la cape Comme beaucoup d’élèves de
la fondation El Juli, il banderille (cela peut toujours servir), aujourd’hui
avec des fortunes diverses (une bonne paire, un raté, une paire moyenne).
Le début de faena est intéressant ; doblones appropriés, bonnes séries
à droite et gauche croisées voire de face. Le toro s’éteint très vite ;
et le jeune torero commet l’erreur de prolonger les débats se faisant
accrocher et lassant le public. Un affreux golletazo précède un descabello
à toro vif. Il reste du travail quant au maniement des aciers.
Après
un long entracte, le jury qualifie Andrades et Husson
pour le second tour. Autant cela se comprend pour le second, autant
c’est surprenant pour le premier. En tout cas, nous sommes quelques
uns à regretter la non qualification matinale de Carlos Corradini qui
semblait plus à même à contester la suprématie de l’élève d’Adour Aficion.
Pour
le second tour
Miguel Andrades : vuelta de sa propre initiative
Louis Husson : deux oreilles (une de trop)
Le jeune espagnol va passer complètement au travers de sa deuxième
prestation : réception ratée , tercio de banderilles laborieux et faena
sans sitio ni engagement. En l’absence de faena ,le toro finit par faire
ce qu’il veut en piste et le public s’ennuie sur les gradins ; Deux
pinchazos , une épée plate et une mort longuette (ou plutôt une volonté
de ne pas utiliser le descabello) n’empêche pas Miguel Andrades de s’accorder
une vuelta que personne ne la demande et qu’il fera dans l’indifférence
générale.
Louis
Husson sait qu’il n’aura pas à forcer son talent pour remporter le Bolsin
2013. Sa faena sera comme d’habitude courageuse, appliquée mais il manque
encore le petit plus qui permet de passer d’un bon élève à un élève
brillant. La mise à mort (une demie en avant) aurait du limiter le succès
à un trophée, mais l’exagération habituelle fait tomber deux oreilles
du palco. Louis Husson est déclaré vainqueur, mais à vaincre sans opposition,
on triomphe sans gloire.

Louis Husson, vainqueur 2013 (photo du matin d'isa du moun, pas de photographe
disponible pour l'après-midi)
En
résumé une édition 2013 en demi-teinte, la plus grande satisfaction
venant du bétail de Jean Louis Darré et de José Cruz.
Nous reviendrions l’an prochain pour retrouver le cadre, la convivialité
et croire encore une fois à la découverte d’une nouvelle figura.
Trois petites suggestions: profiter de la tienta pour faire œuvre de
pédagogie en équipant le ganadero d’un micro, le matin rappeler la nécessité
du silence pendant l’épreuve de la pique et vider le callejon pour ne
pas distraire les vaches.
Thierry
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