Une
journée à la feria de Béziers.
N'ayant
plus été dans cette ville depuis 3 ans au moment de la feria, j'avais
décidé cette année d'y retourner poser mes fesses sur les tendidos de
ces arènes en briques rouges.
Bien entendu, j'avais choisi de ne pas assister à la corrida mixte d'ouverture,
et encore moins au solo de Castella, tellement les encastes étaient
identiques pour tous les bichos (hormis le Margé). Les Margé, justement,
j'y aurais bien été, mais la seule présence de Padilla m'a rebuté. Eh
oui, depuis toujours je n'ai jamais aimé ce torero, et même si il possède
les cojones que n'ont pas les figuras pour s'envoyer de sacrés bestiaux,
je n'ai jamais aimé ce matador.
La raison est très simple, je ne vais pas aux arènes pour voir un spectacle,
mais pour y voir un combat.
J'avais
donc choisi d'assister à la miurada. Et je n'ai pas été déçu, de par
la présentation, de par le jeu au cheval de certains pensionnaires de
Zahariche, mais aussi de par la cuadrilla de Castaño ainsi que par la
lidia de Robleño.
Sans aller à faire une reseña que d'aucuns auront lus dans les colonnes
des spécialistes taurins, je dois dire que j'ai vraiment un faible pour
cet homme, qui s'est croisé, qui s'y est mis, et qui n'a malheureusement
pas bien tué son second, sinon il repartait avec 2 appendices supplémentaires,
tellement sa lidia fût bonne.
Le
matin, j'étais présent à la novillada mixte, et les pensionnaires de
Margé, ne furent pas à la hauteur de leurs aînés de la veille. Ah oui,
il faut dire qu'à Béziers, l'empresa mis des bêtes de Margé pour les
non piquées, pour la corrida du vendredi, pour la novillada mixte du
dimanche matin, et les 2 sobreros pour la miurada venaient aussi de
la ganaderia de Fleury d'Aude.
Cette novillada d'ailleurs, m'ennuya, au point de partir au milieu du
5è bicho. Cerqueira se croisa, essaya avec une grande honnêteté qui
me plu. Mais Cayetano, boudiou qu'il m'a ennuyé, j'avais l'impression
de voir toréer son aîné Castella. Même entame à la muleta, même profil
de toreo, bref, redondance avec les trastos.
Mais la bonne morale sociétale biterroise fût contente, s'émerveilla
devant ce novillero, et même l'assesseur de la course de la veille,
qui était devant moi, trouva muy bien ce jeune homme, alors qu'il s'ennuya
devant Cerqueira, qui pourtant fût le plus sincère dans sa lidia, son
toreo.
Cette
journée devait être ponctuée le soir, par le spectacle équestre accompagné
de mes cavalières féminines de la casa. Mais comme d'habitude à Béziers,
spectacle gratuit signifie que les places sont toutes prises plus de
1 heure avant le début du spectacle.
Mais aussi, que les horaires annoncés sur les sites internet, le sont
de manière à faire croire qu'il y aura 2 prestations le soir, alors
qu'il n'y en a eu qu'une seule, le second horaire mentionné était en
fait la fin du spectacle. Je ne fus d'ailleurs pas le seul à avoir mal
interprété la façon dont cela avait été noté...
Mais
cette petite déconvenue me permis d'écouter à travers une palissade
opaque, la tertulia d'un club taurin. Car oui, à Béziers, tout est cloisonné,
on ne peut plus assister au sorteo sans y être invité, on ne peut plus
aller voir les toros aux corrales sans s'être acquitté d'un droit d'entrée,
et les clubs taurins s'enferment derrière de hautes palissades opaques.
Il est loin le temps où ce club taurin taurin en question, ouvrait ces
tertulias, y invitait les toreros après leurs courses, et se retrouvait
heureux d'accueillir de nouveaux aficionados. Ce temps ou gamin, j'ai
pu y parfaire mes connaissances tauromachiques, où des revisteros dont
Perdigon, pouvaient venir rencontrer les gamins et partager leur passion
(j'ai eu la chance de connaître cette époque, et ce Monsieur Perdigon
qui écrivait aussi dans la revue Toros).
J'ai donc pu entendre ce que se disaient ces personnes autorisées, qui
bien entendu avaient tout compris à la course du jour, et que les autres
n'avaient pas eu la chance eux, de tout voir, et qu'ils avaient un peu
été bernés.
Mais
les bernés dans cette histoire, en cette feria 2013, ce furent les aficionados
naïfs dont j'étais, qui étaient venus assister à cette Miurada, et qui
au fond d'eux, avaient encore en mémoire la Miurada d'anthologie de
1983 à laquelle ils avaient assisté ou entendu parlé à moment donné
leur parcours d'aficionado. Personnellement, j'ai eu la chance d'être
présent à cette miurada de 1983, comme j'ai eu la chance d'avoir vu
en direct à la télévision espagnole, la course madrilène des Victorinos
de 1982 dite corrida du siècle.
Donc
à Béziers, 30 ans jour pour jour après cette tarde mémorable
de toros de Miura, alors que 2 des matadors sont toujours vivants, je
m'étais dit que à défaut de l'empresa, au moins les clubs taurins locaux
auraient l'idée de célébrer cet anniversaire. Et bien que nenni, rien,
nada.
Ceux qui se pavanent dans leurs cercles, en se croyants les détenteurs
des vérités taurines, même les plus toristas d'entre eux, n'ont même
pas rendu hommage dans ces arènes aux 3 diestros qu'étaient Nimeño II,
Richard Milian et Victor Mendes, qui le 15 août 1983, ce sont envoyé
une camada de toros de Miura avec un pundonor immense.
La
mémoire est courte à Béziers, je suis assez content de ne plus y vivre.
El
Exilado...