LES PARAPLUIES D'AIRE SUR ADOUR

Arènes d’Aire sur Adour, novillada du mercredi 1er Mai 2013
6 novillos de Jacques Giraud pour
Mario Alcade (palmas y pitos, silence mouillé)
César Valencia (salut au tiers, oreille)
Borja Jimenez (silence, vuelta)
A peine un sixième d’entrée et pluie frigorifiante à partir du 3ème.

Charlie Hebdo publie régulièrement les couvertures auxquelles les lecteurs ont échappé. Voici la liste des titres auxquels vous avez échappé :

"Il pleuvait sur Aire, ce jour là Isa…"
" Un long mercredi de pluie"
"Baillons sous la pluie"
"
Les toros (et les aficionados) s’emmAIREdent le dimanche."


Photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

Et tout grâce ou plutôt à cause du lot de novillos envoyés dans le Sud Ouest par l’éleveur camarguais Jacques Giraud. Après deux bonnes sorties en non piquée à Maubourguet, le ganadero du Sambuc se présentait pour la première fois en piquée à Aire sur Adour .Force est de constater que ce fut un échec. L’envoi constitué de 3 Santa Coloma et de 3 croisés Santa Coloma et Domecq était bien armé mais manquait de trapio, et surtout avait l'air un peu léger.
Ils ont manqué, à l’exception des deux derniers, de forces et surtout de caste. Cette novillada comptait pour le concours Toros de France, les organisateurs se sont mis hors jeu en ne respectant pas l’éthique de cette compétition avec des tercios de piques bâclés voire escamotés, une présidence aux ordres des toreros, des piques montées à l’envers et un règlement bafoué. Après le président fantoche de Vergèze et le dérapage d’Aire, il est grand temps que l’association des éleveurs français réagisse.

Face à un bétail défaillant, les jeunes toreros ont fait ce qu’ils ont pu. Le premier est reçu à la cape par Mario Alcade. L’animal est faible .Il est, comme le seront tous ses congénères, très mal piqué et arrive à la muleta sans charge .La faena tourne court d’autant plus court que le novillero a décidé de se contenter du minimum « syndical ».Une épée en avant et une entière avec une mise à mort longuette et un puntillero très maladroit, le torero regagne le burladero sous les palmas et les pitos d’un public déçu.
Le quatrième est très bien armé, mais il est aussi petit et léger .Très mal piqué, il arrivera faible au troisième tercio. Il est noble ce dont profite le torero pour des séries allurées mais hélas fuera de cacho. A la manière d’Enrique Ponce, il finira par se croiser et même à toréer de face en fin de faena, alors que le toro n’a plus de charge. Une épée mal placée précède un pinchazo et une entière, le toro tombe après le second avis.

Attendu après son triomphe Saint Perdonnesque en 2012, César Valencia a confirmé les qualités déjà entrevues. Hélas le bétail du jour ne lui a pas permis de les exprimer. Son premier adversaire est un manso .Il faudra que le piquero s’emploie pour le coincer et le châtier à la troisième et quatrième pique. Le sud-américain avec beaucoup de technique le double avec autorité et lui impose à force d’insistance de bonnes séries .La faena est courte mais le torero a réussi à tirer tout ce que le toro pouvait donner. L’épée est de côté mais elle provoque à la fois une hémorragie et une mort spectaculaire ; Le torero salue au tiers, une oreille aurait pu être demandé, mais le public est à cet instant occupé à se réfugier dans la partie couverte des gradins.
Le second adversaire de César Valencia sera un des plus intéressants de l’après midi. Il est manso à la pique et fait preuve de genio à la muleta Le novillero avec beaucoup de vaillance, tire à nouveau passe après passe ce qu’il est possible d’extraire du mélange hétérogène de genio et de caste de l’animal. Il s’engage à nouveau avec conviction et détermination pour une épée moyennement placée mais rapide d’effet. Une oreille est accordée par le palco pour encourager l’application et le courage. Ce jeune torero mérite d’être revu dans un contexte plus favorable.

Le troisième camarguais est un manso perdido, il fuit les piques et une carioca est nécessaire pour le coincer. En plus de manquer de bravoure, il n’a ni charge, ni noblesse, se réfugie dans les tablas .Borja Jimenez en finit avec ce pensum par une épée de gendarme, un pinchazo et trois descabellos à toro vif. Comme son frère Javier, Borja est un torero bagarreur.
C’est à puerta gayola qu’il a décidé d’accueillir le 6ème et dernier novillo. Le toro fonce directement sur le torero et oblige celui-ci à se coucher sur le sol pour éviter d’être accroché. Le bicho pousse sous une unique pique. Il en sort marqué et va pourtant se reprendre très vite, réminiscence du sang Santa Coloma chez ce toro issu du croisement avec un étalon d’origine Domecq. Le toro est noble et encasté. Il transmet et tient la distance ce qui permet au cadet des Jimenez de faire une vraie faena. Hélas celui-ci opte pour un toreo pueblerino et n’exploite pas les qualités de l’animal, nous faisant regretter que le sorteo n’ait pas attribué ce toro à César Valencia. Le public qui a besoin de se remonter le moral, marche, mais hélas pour l’élève de l’école d’Espartinas, la mise à mort est une fois de plus désastreuse.

Une fois de plus la novillada du premier Mai n’a pas tenu ses promesses à Aire sur Adour. Municipalité, Junta des peñas et organisateurs doivent se remettre une bonne fois pour toute en cause, sinon il n’y aura plus qu’une poignée de spectateurs l’an prochain sur les gradins.
Un premier desquite est attendu pour la corrida des Fêtes avec les toros de Prieto de la Cal.
Jacques Giraud doit remettre son métier sur l’ouvrage, avec la nécessité de renforcer la sélection pour fixer le sang et les caractéristiques qu’a laissées entrevoir le 6ème novillo.

Heureusement tout n’a pas été noir en cette journée, nous garderons en mémoire l’excellente matinée que nous ont fait passée Dorian, Jules, Clément et Jean (élèves d’Adour Aficion) en particulier face à un noblissime anojo de Michel Agruna.

Thierry


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